Les émeutes ont longtemps été considérées comme des phénomènes à durée éphémère. Elles ne sont pas rares, elles sont même fréquentes sur le pourtour méditerranéen. Les réactions à l'injustice qui émanent des émeutiers se limitent-elles à l'instantané et à la violence ou possèdent-elles une trajectoire et une logique propres ? Ces contributions analysent des événements survenus en France en 2005, en Grèce dès 2007, ainsi que ceux des Territoires occupés ou ceux plus récents du monde arabe.
Devenue soudainement insensible à toute approche critique sur la question immigrée, l'ensemble de la classe politique s'est identifiée à l'équipe de France Black, Blanc, Beur victorieuse le 12 juillet 1998 de la finale de la Coupe du monde. "L'effet mondial" provoque non seulement la relance de la cote de popularité du président de la République et de son Premier ministre, mais également une prise de position inattendue de Charles Pasqua (la régularisation de tous les sans-papiers) et une mise en difficulté provisoire du Front national.
Les élections législatives de novembre 2002 qui ont eu lieu en Turquie se sont traduites par l'évincement du champ politique des partis à la tête de ce pays depuis 20 ans, l'AKP, fondé en aôut 2001, fruit réformiste de la scission de la mouvance islamiste ayant recuelli 34 pour cent des suffrages et obtenu plus que la majorité absolue au Parlement.; Depuis, afin de satisfaire aux critères de Copenhague et d'obtenir une date d'ouverture pour les négociations d'adhésion à l'Union européenne, le Parlement turc a adopté plusieurs réformes concernant les droits de l'homme, la liberté d'expression et la démocratisation du régime. Cet article se propose de discuter la portée de ces transformations politiques récentes en analysant le mode de gestion coercitif de la question kurde, les tensions provoquées par la montée de l'islam politique et l'implication des élites étatiques dans le champ politique face aux mouvements contestant la doctrine officielle et la "cartellisation" du champ politique.
Réflexion sur le débat actuel en faveur d'une citoyenneté sociale considérée comme le type de citoyenneté qui compte véritablement dans la vie des gens et sur l'ancrage persistant de la citoyenneté politique dans la nationalité. Dans la présente étude l'auteur fournit une preuve empirique de cette lecture parmi l'élite politique portugaise. Sont analysés tour à tour le paradigme national de l'Etat moderne et le concept de citoyenneté postnationale, les perceptions par l'élite politique des résidents non nationaux en tant qu'acteurs politiques et le cadre législatif portugais en matière de droits politiques.
Nationalismes, minorité, identité, communauté... Ces termes qui ont fait un retour en force dans les années 1990 prennent une résonance particulière en Méditerranée orientale, des Balkans à l'Egypte en passant par la Turquie et le Proche-Orient. Il s'agit là d'un espace traversé par trois dynamiques politiques majeures : affirmations nationales vigoureuses pour compenser une légitimité étatique souvent précaire, mobilisation de l'ethnicité à l'intérieur des ensembles politiques existants, organisation transnationale des identités à la faveur du développement des diasporas et de l'essor de l'immigration. Tous ces phénomènes redéfinissent insensiblement la place de l'Etat, les relations entre groupes, bref, les contours du nationalisme sur le flanc oriental du bassin méditerranéen.
Malgré l'absence de reconnaissance internationale, les Taleban ont imposé un nouvel ordre politique à la population afghane. Par delà clichés et contresens qui hantent les imaginaires occidentaux et musulmans, qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Que peuvent-ils ?
L'auteur analyse l'effet combiné du monde économique et de la situation politique, des caractéristiques culturelles, de la fonctionnalité de la migration et des degrés de gestion. De plus, il propose une approche réaliste de la complexité des questions migratoires, rejette l'alarmisme et révèle la menace actuelle : à la suite d'une mauvaise gestion, les migrations cessent d'être la cause des problèmes et deviennent un conflit social. De fait, en termes comparatifs, les migrations internationales actuelles sont moindres que les migrations du début du siècle, et les conséquences des migrations seraient surévaluées. Le "désordre" économico-social dans lequel les migrations évoluent est le vrai déterminant de sa disfonctionnalité.
L'importance du débat politique et scientifique sur la place des immigrés et de leurs enfants au sein des sociétés européennes varie selon les différents contextes nationaux et les orientations privilégiées par le pouvoir politique en place. Par leur mobilisation politique, les populations issues de l'immigration peuvent en principe exercer une influence sur ce débat. Néanmoins, l'impact réel des formations politiques d'extrême droite au sujet de l'immigration semble avoir été relativement plus perceptible, du moins en France et en Belgique. Par ailleurs les discussions ayant trait à la place des immigrés en Europe s'inscrivent souvent dans le cadre plus large des débats consacrés à l'exclusion sociale et économique. Dans ces conditions, il est primordial de repenser les liens entre les résidents, les citoyens et les institutions politiques. Enfin, la difficulté des chercheurs dans ce domaine est souvent d'arriver à rendre compte des dynamiques et des relations interethniques sans pour autant contribuer à ethniciser davantage les espaces politiques respectifs.
L'auteur s'est efforcé de montrer comment les communautés ethniques peuvent être manipulées par les Etats afin de justifier leurs politiques de domination ou en situation de contestation du découpage étatique qui leur est imposé. A cet effet Roland Breton mène un double état des lieux. Il expose une "hiérarchie" de peuples plus ou moins reconnue et inspirée de leurs traditions politiques : les peuples disposant d'un Etat-nation, les peuples sans Etat, les nations émergentes, les ethnies "minorisées" ou non reconnues. De plus, la création des territoires politiques, des Etats ou des entités subétatiques est présentée sur le plan historique. La dynamique croisée des Etats, des peuples, de leurs cultures propres et de leurs civilisations communes aide alors à dessiner les configurations humaines et territoriales distictes à l'origine de nombreux tensions et conflits.
Si l'on s'en tient à la stricte définition de la mobilisation ethnique comme une organisation politique explicite fondée sur l'appartenance ethnique, alors son impact sur les institutions politiques et la culture australienne semble faible. Outre les luttes menées pour obtenir plus de ressources ou d'aides sociales, l'ethnicité des immigrés s'élabore au travers de leurs pratiques culturelles.
A la lumière des mouvements sociaux récents (grève des cheminots, mouvement pour les sans-papiers...), l'auteur propose ici une analyse rigoureuse de la dynamique des mouvements sociaux. Il expose les diverses approches théoriques proposées depuis le siècle dernier, et rend compte des acquis les plus récents de la recherche scientifique.
La récente décision du gouvernement français de différer l'application totale de l'accord de Schengen et de rétablir le contrôle aux frontières exprime, pour le moins, une réserve vis-à-vis du traitement communautaire de la migration internationale en Europe. Cet acte soulève une interrogation sur la place, sur le rôle et la fonction de la France à l'intérieur de l'espace, du système migratoire européen au milieu de cette décennie qui est placée indiscutablement sous le signe de la libération planétaire, voire de la dérégulation des flux et des échanges des biens, des services et des images.
Suite aux répercussions des évènements qui ont secoué l'Italie sur l'aspect judiciaire, politique, culturel et des moeurs dans les consciences des Italiens et dans l'opinion publique, la problématique migratoire a profondément changé de cadre. Dans cet article, l'auteur analyse dans un premier temps le système politique italien à la lumière des derniers évènements produits par les élections politiques des 27-28 mars 1994 et par les élections européennes du 12 juin dernier, et dans un deuxième temps, il analyse la politique migratoire et l'immigration à la lumière de la crise économique et sociale (débordement de la prostitution des ressortissants des Etats tiers et émergence du nouvel exode des Albanais).
Après une présentation de l'histoire du système politique dans l'Afrique du colonialisme et l'évolution de ces cadres politiques dans l'accession à l'indépendance à partir de la Deuxième Guerre mondiale, l'auteur donne un éclairage sur les problèmes rencontrés par les Etats africains aujourd'hui : frontière imposée par l'ère coloniale, conflit armé interethnique, relations ambigües avec les sociétés occidentales, lui font affirmer que l'Etat a précédé la nation.
La participation politique des immigrés est déterminée, d'après l'auteur, par les cadres institutionnels locaux et nationaux plutôt que par l'origine ethnique et la classe sociale. Une étude comparative de la participation politique des migrants, de la politique d'immigration, des réponses des gouvernements à cette implication politique en France et en Suisse depuis la Deuxième Guerre mondiale et plus particulièrement entre 1974 et 1990, permet d'illustrer ce postulat. L'ouvrage suit le même plan pour les deux pays et aborde les thèmes suivants : France, avant 1974 (activisme des travailleurs étrangers, xénophobie, comparaison avec la situation actuelle), entre 1974 et 1992 (évolution vers migration permanente qui a entraîné militantisme communautaire, citoyenneté). La même approche appliquée au niveau local, à La Courneuve et à Roubaix, met en valeur le fait que l'histoire d'avant la crise pétrolière a mis en forme le contexte institutionnel dans lequel les immigrés allaient agir politiquement. La Suisse, avant 1974, entre 1974 et 1992. Les deux villes étudiées sont Schlieren et La Chaux-de-Fonds. L'auteur termine par des généralisations prudentes sur la façon dont les travailleurs étrangers et leur famille s'impliquent dans le système politique des pays d'Europe occidentale.